Dans cette interview, nous explorons le parcours et les rĂ©flexions de Vincent Duponchel, Superviseur Set Surfacing chez Mikros Animation. De sa passion pour la collaboration Ă son parcours professionnel inspirant en passant par son admiration pour les personnages complexes, Vincent partage les moments forts de sa carriĂšre et son amour pour l’animation.
- Quel est le meilleur aspect de votre travail ?
Parmi toutes les tĂąches que j’ai Ă effectuer, j’aime beaucoup la collaboration avec le client.
Le directeur artistique et le production designer viennent avec une vision pour le film et mon rĂŽle est de traduire cette vision pour qu’elle soit transposable sur des modĂšles 3D.
J’Ă©change avec eux pour comprendre l’histoire des objets et des dĂ©cors Ă rĂ©aliser, c’est vraiment stimulant. Ensuite, je transmets cette vision Ă mes artistes qui mettent toute leur Ă©nergie pour obtenir la meilleure qualitĂ© possible.
Et lorsque le client s’Ă©merveille devant le rĂ©sultat, c’est vraiment gratifiant.
Mais ce que je prĂ©fĂšre le plus au quotidien, c’est le travail que je fais avec mon Ă©quipe. Mon objectif est d’ĂȘtre Ă leur Ă©coute et de trouver des solutions pour offrir les meilleures conditions de travail possibles.
Cela passe par le partage de connaissances, la mise en place d’outils ou encore de la documentation. C’est un travail de l’ombre car je ne travaille pas directement sur la production des assets, mais il est trĂšs important pour moi.
- Quel est le premier projet sur lequel vous avez travaillé lorsque vous avez rejoint Mikros Animation ?
Je suis arrivé à Mikros Animation (Paris) en août 2016 sur le projet Sherlock Gnomes en tant que Senior Character Surfacing Artist.
Pour la petite histoire, Ă l’Ă©poque, Mikros venait de signer le projet mais ne pouvait pas encore partager publiquement le nom du film.
Je travaillais pour une autre sociĂ©tĂ© et je ne cherchais pas spĂ©cialement Ă m’engager ailleurs.
Ă ce moment-lĂ , tout le monde parlait du projet secret de Mikros sans vraiment pouvoir partager des informations dessus.
Comme j’Ă©tais curieux, j’ai acceptĂ© de passer un entretien. Au dĂ©but, je voulais juste savoir le nom du projet. 7 ans et demi plus tard, je travaille toujours pour Mikros.
- Partagez votre parcours Ă©tudiant et professionnel pour arriver Ă votre poste chez Mikros Animation !
J’ai suivi un premier cursus en animation 3D Ă l’Ă©cole LISAA, Ă la suite de quoi j’ai dĂ©crochĂ© un stage sur un court-mĂ©trage chez Sparx en 2004. Les trois annĂ©es qui ont suivi, je me suis fait mes armes dans diffĂ©rents studios et sur divers projets comme de la publicitĂ©, des sĂ©ries d’animation ou encore une cinĂ©matique de jeux vidĂ©o.
Puis, j’ai repris mes Ă©tudes Ă l’Ă©cole de la PoudriĂšre pour apprendre la rĂ©alisation de films d’animation. Cette Ă©cole est vraiment gĂ©niale et j’y ai appris plein de choses.
Ensuite, j’ai de nouveau travaillĂ© Ă Paris pendant 3 annĂ©es pour diffĂ©rentes compagnies et sur diffĂ©rents projets. J’ai commencĂ© Ă me spĂ©cialiser en tant que texture artiste.
AprĂšs une pĂ©riode intense de travail, ma femme et moi avons dĂ©cidĂ© de vivre une annĂ©e loin de tout en Nouvelle-ZĂ©lande. C’Ă©tait absolument incroyable. Ăa m’a permis de me ressourcer et de savoir ce que je voulais faire ensuite dans ma carriĂšre.
Quand j’ai commencĂ©, j’adorais ĂȘtre sur de petits projets en travaillant dans diffĂ©rents studios. Je voulais dĂ©couvrir un maximum de choses. Mais dĂ©sormais, je voulais m’investir plus dans mon rĂŽle au sein d’une entreprise. J’ai travaillĂ© pendant deux ans et demi Ă Ubisoft sur la sĂ©rie des lapins crĂ©tins avant de rejoindre Mikros Animation oĂč j’ai pu accomplir ce que je cherchais Ă devenir.
- Quâest-ce qui vous inspire ou qui vous inspire ?
Je pense que ce qui m’inspire le plus, ce sont les films d’animation. J’adore regarder tout ce qui se fait.
Plein de films sont fantastiques et donnent envie de se surpasser. J’aime beaucoup les classiques de Pixar et Disney (Ratatouille, Zootopia, Coco pour n’en citer que quelques-uns) tout comme les films de Miyazaki (Princesse MononokĂ©, Le Voyage de Chihiro).
J’ai Ă©galement beaucoup d’admiration pour la Stop Motion (L’Ă©trange NoĂ«l de Mr. Jack, Wallace et Gromit, Les Boxtrolls, Pirates ! Bon Ă rien, mauvais en tout ou encore Fantastic Mr. Fox).
J’aime aussi les films un peu plus indĂ©pendants comme Klaus, J’ai perdu mon corps ou plus rĂ©cemment Le Sommet des dieux.
Un bon film d’animation, je peux le revoir 10 fois sans aucun problĂšme.
- Si vous deviez ĂȘtre un personnage des films et sĂ©ries de Mikros Animation, qui seriez-vous ?
Je n’ai jamais vraiment aimĂ© les hĂ©ros de films. Je les trouve souvent assez lisses. Ils sont toujours beaux et trĂšs conventionnels car le spectateur aime s’identifier aux hĂ©ros. On aimerait tous ĂȘtre beaux, forts et pleins de courage.
Mais la vie n’est pas aussi simple et j’aime les personnages plus complexes. Je suis plus attirĂ© par les losers de maniĂšre gĂ©nĂ©rale. J’aime les personnages qui ont un vĂ©cu, une histoire Ă raconter et qui sont tiraillĂ©s par leur caractĂšre.
Rien n’est jamais tout blanc ou tout noir, on a tous du bon en nous mais aussi une part d’ombre.
J’aime beaucoup le personnage de Superfly dans Les Tortues Ninja. D’une part, je trouve son look hyper stylĂ© avec plein de dĂ©tails fantastiques et d’autre part, il est trĂšs intĂ©ressant comme mĂ©chant. Il n’est pas mĂ©chant pour faire le mal, ses intentions sont plus louables. C’est son rejet des autres qui lui donne une colĂšre et une motivation.
J’ai aussi beaucoup d’admiration pour le personnage de Vic dans Thelma La Licorne. Le film n’est pas encore sorti donc je ne peux rien dĂ©voiler sur le personnage mais son design est vraiment gĂ©nial.
C’est un personnage secondaire qui a de la prĂ©sence Ă l’Ă©cran. Il me rappelle le personnage de Jesus dans le film des frĂšres Coen “The Big Lebowski”.
- Votre plus grande rĂ©ussite jusquâĂ prĂ©sent ?
Avoir rĂ©ussi Ă trouver ma place en tant que chef dâĂ©quipe.
Il y a mille raisons de se plaindre de son superviseur sur un projet. On se dit que si on Ă©tait Ă sa place on ferait les choses diffĂ©remment mais on se rend vite compte que ce rĂŽle nâest pas si simple.
Jâai eu la chance de superviser 3 films au complet Ă Mikros et jâai fait beaucoup dâerreurs. Ces erreurs mâont permis dâajuster la maniĂšre dont je gĂšre mon Ă©quipe. Aujourdâhui, je me sens plus serein dans ce rĂŽle.
En dehors du travail, ma plus grande réussite reste ma famille.
- Quel serait ton super pouvoir ?
Ralentir le temps. Je ne suis pas connu pour ĂȘtre le plus rapide, c’est d’ailleurs pour ça que j’ai appris Ă coder. Fabriquer des outils me permet de gagner en rapiditĂ©.
- Quel conseil donnerais-tu Ă âton toiâ plus jeune ?
Ne sois pas effrayĂ© de contacter les grands studios ou les personnes avec qui tu aurais voulu travailler. Je n’avais pas assez confiance en moi.
Ă l’Ă©poque, je pensais que des studios comme Mikros Ă©taient hors de ma portĂ©e (c’Ă©tait sans doute le cas). Pour rĂ©aliser un grand film, il faut beaucoup de personnes, aussi bien des sĂ©niors, des mid-levels mais Ă©galement des juniors.
Si j’avais su cela plus tĂŽt, j’aurais gagnĂ© du temps. Mais je ne regrette rien car si je suis lĂ aujourd’hui, c’est aussi grĂące Ă toutes mes expĂ©riences passĂ©es.
Autre conseil que je me donnerais, c’est d’apprendre l’anglais le plus vite possible. Je pense que j’ai ratĂ© plusieurs belles opportunitĂ©s Ă cause de mon niveau. MĂȘme maintenant, je regrette de ne pas ĂȘtre plus Ă l’aise dans cet exercice.