En cette journée internationale des droits des femmes, l’équipe du studio Mikros Animation Paris a discuté de féminisme avec Estelle Ducarteron, Responsable de l’équipe recrutement et des relations talents. Voici le résultat de cet échange passionnant :
Que représente pour toi la journée internationale de la lutte pour les droits des femmes ?
C’est un rappel avant tout. Un rappel qu’il y a de très belles choses qui ont été faites dans le gain de nouveaux droits pour l’égalité, mais aussi que des gens dans le monde et en France, en perdent en parallèle. Ce sujet d’égalité ne se résout pas. C’est triste d’ailleurs de le lier à une journée comme on le fait pour le chocolat ou les chiots. Ce n’est pas une célébration, on ne doit pas baisser la garde sur la situation des droits des femme en 2023, que ce soit dans notre environnement proche ou lointain. Ce n’est qu’une journée dans l’année mais si on peut faire en sorte que ça déteigne sur les autres qui suivent, profitons-en. Depuis cinq ans, l’accent a été remis sur le fait que c’était dédié aux droits des femmes alors qu’il y a dix ans on pensait simplement à acheter des fleurs pour faire plaisir à sa femme, donc on remet un peu l’église au milieu du village [rires].
Qu’est-ce qui selon toi pourrait être amélioré dans ton quotidien professionnel ?
Le gros sujet auquel je m’intéresse personnellement depuis quelques temps c’est le langage. Si on rapporte le sujet au milieu professionnel, nous sommes dans une industrie anglophone et chez Mikros nous avons également une identité francophone forte. Si on prend l’exemple tout simple de la question de la traduction des noms de poste, c ’est toujours une vraie complexité. L’anglais a cette « facilité » du non genré, là où le français devient un vrai casse- tête si on veut être inclusif. Les noms de poste c’est qu’un point de départ de réflexion pour rentrer dans le sujet du langage. Quand on regarde la féminisation et l’inclusivité du français, on a encore beaucoup de choses à faire… Le langage c’est la base: quand enfant on apprend à parler, on apprend à utiliser des mots pour mettre en forme nos pensées. Si on ne change pas le langage, par extension, on ne pourra pas changer les pensées car les mots à notre disposition ne nous le permettront pas.
Le français actuel, c’est un héritage qui date d’il y a plusieurs siècles, siècles qui ont volontairement mis de côté les femmes sur tous les plans. Je crois qu’il ne faut plus se donner de fausses excuses pour ne pas le faire évoluer dès maintenant. Le milieu pro étant notre quotidien, son rôle est d’autant plus important.
Te considères-tu féministe ?
Absolument. Il n’y a pas besoin d’être militant.e pour être féministe. Lorsque tu ne te considères pas au-dessus des autres, je pense qu’on peut dire que quelque part, tu es féministe.
Est-ce qu’une œuvre ou un.e artiste t’a inspirée en tant que femme ?
Oui, je dirai Ma Vie sur la route, mémoires d’une icône féministe, par Gloria Steinem. C’est une des premières fois que, devant le récit d’une militante féministe, je me retrouvais beaucoup dans son discours, ses idées, sa façon de voir les choses. C’est une figure de l’histoire du féminisme, militante, journaliste, rédactrice en chef des années 1970… Elle a toujours exprimé son militantisme féministe en l’associant à d’autres minorités, en disant qu’il n’y avait pas de féminisme s’il n’y avait pas l’égalité entre tous.tes. C‘est une autobiographie que je conseille car son militantisme traverse les époques et les paysages politiques et sociaux des USA, et de mon côté, ça m’a permis de découvrir un autre visage du féminisme et de ne plus faire l’amalgame sur ce qu’il est.
Merci Estelle!